La première Loi, Tome 1
Quatrième de couverture : Jadis synonyme de liberté et de progrès, l’Union n’est plus que l’ombre d’elle-même, minée par la corruption, les complots de toute sorte et l’incompétence notoire de ses dirigeants. Ces derniers n’ont aucune conscience des dangers qui les guettent : au nord, les clans barbares se rassemblent sous une bannière unique ; du sud, où les forces du Gorkhul étaient jusque-là tenues en respect par l’armée régulière, proviennent de bien curieuses rumeurs. Bayaz, le Premier des Mages, sort de sa retraite millénaire pour sauver ce qui peut encore l’être. Son plan inclut un barbare philosophe, un jeune officier écervelé, un navigateur volubile, une intrépide chasseresse, un apprenti dépressif et surtout une grosse, grosse colère…
Avis d’Ella : Premier sang est un excellent roman et premier tome, dans lequel l’auteur plante parfaitement le décor et les personnages. L’histoire est très bien écrite et réfléchie. Elle monte en puissance au fil des pages, grâce à des personnages bien trempés.
Joe Abercrombie nous met dans le bain et donne le ton de son œuvre dès les premières pages : sur un fond d’humour noir, il nous fait suivre à tour de rôle, le destin de plusieurs protagonistes et nous fait évoluer dans un monde où la guerre est prête à éclater de toute part, où la corruption et la violence règnent et, où la souffrance est de mise pour survivre. Pourtant cette œuvre est loin d’être sombre et morbide, car l’auteur nous laisse voir un possible espoir pour chacun de ses personnages.
Les gros atouts de cet ouvrage sont les protagonistes, que Joe Abercrombie a parfaitement travaillés. Ils sont très étoffés, ont tous une forte personnalité. Il les a dotés également de lourds bagages, qui expliquent grand nombre de leurs réactions et agissements. Façonnés par leur passé ou pour d’autres, par le poids de leur obligation et de leur ambition, ils tentent d’arriver à leur fins et d’assouvir leur soif : de pouvoir, de reconnaissance ou encore de paix. Cependant, ils ne semblent pas avoir voix au chapitre, car l’auteur les plie aux éléments et surtout au destin. Ce dernier les soumet et les porte à des lieux de ce qu’ils escomptaient.
Glotka et Logen sont mes personnages préférés, même si ce dernier est peut-être un peu trop amorphe à mon goût. Par son souhait de trouver la paix intérieure, il reste assez passif et, refuse de connaître les enjeux de la quête qu’il mène au côté du Premier des Mages, Bayaz. Ce qui est assez frustrant pour nous, car nous nous aimerions bien en avoir connaissance. Glotka, par son humour noir, sa désillusion, son regard sur le monde et les hommes qui l’entoure, ses questions existentialistes, est mon personnage favori, et les scènes qui lui sont consacrées sont, pour ma part, les plus intéressantes.
On est pris par les complots, les trahisons, les enquêtes de l’inquisition, les tourments amoureux et, l’alternance de point de vue par le passage d’un protagoniste à l’autre, ménagent le suspens. On erre au grès des personnages à travers le monde ombrageux, qu’a créé l’auteur et, sur lequel il laisse planer de nombreux mystères et, peut-être, un peu trop. Car à la fin de l’ouvrage, comme au début, on ne sait rien ou tout au moins, on n’a rien de concret. Une petite révélation n’aurait pas été de trop.
J’ai beaucoup aimé ce roman, mais sa fin m’a laissée un gout amer par le manque d’éclaircissements et, parce que je m’attendais, avec cette montée en puissance de l’histoire, à une fin spectaculaire, de nombreux rebondissements et des retournements de situations. Mais malheureusement, pas de cliffhanger. Le passé des héros se dévoile un peu, mais on reste sur notre faim quant aux explications de la quête du Premier des Mages. Malgré cette petite déception, je lirai avec grand plaisir le second tome de cette série, car j’ai vraiment adoré le style et l’écriture de l’auteur.
Cette série comporte trois tomes, tous trois publiés. Le deuxième volume doit sortir en poche le 14 mars 2012.
Avis de Zina : Avec tout ce que j’avais entendu sur cette saga, j’avoue être un peu déçue par Premier sang. Je m’attendais à quelque chose de plus percutant. Là, j’ai eu l’impression d’une longue introduction. La construction du roman donne la sensation d’une partie d’échec où le joueur, ici, Joe Abercrombie, placerait ses pièces. On ne s’ennuie jamais, mais tout cela est bien lent.
L’auteur prend le temps de poser son univers, de présenter les différentes factions, de développer avec justesse la psychologie de ses protagonistes – point fort du livre. Que ce soit dans les pays « barbares » du Nord, ou dans ceux soi-disant plus civilisés de l’Union, il n’y a pas beaucoup de bonté d’âme ici, mais beaucoup d’hypocrisie, de corruption, de trahison et de violence, qu’elle soit sous-jacente ou librement exprimée.
Joe Abercrombie nous présente en alternance le point de vue de plusieurs personnages. Parfaitement caractérisés, ce sont eux qui nous portent à travers le roman et qui nous permettent d’en découvrir son monde. Jezal est un fat arrogant pas très sympathique ; le commandant West l’était bien plus jusqu’à un certain évènement où il a perdu tout crédit ; Glotka, l’inquisiteur pétrit d’amertume est investit de sa mission ; le mage Bayaz suit une quête mystérieuse ; Logen Neuf-Doigts dit le « Sanguinaire » est un vieux guerrier désabusé… Ils auront tous un rôle à jouer dans les évènements qui s’annoncent, même si savoir lequel est encore bien obscur… Mais surtout, ils sont riches et bien plus complexes que ce qu’ils ne paraissent.
L’écriture simple et directe de l’auteur permet d’avancer rapidement dans l’histoire malgré la lenteur de l’action. Et si tout cela reste encore bien mystérieux à la fin de Premier sang, les enjeux à venir sont, eux, plus clairement définis, avec une guerre qui se prépare sur tous les fronts. C’est donc avec plaisir et curiosité que je lirai la suite.
Roman publié aux éditions J’ai lu – Traduit par Brigitte Mariot
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