La compagnie des menteurs / Karen Maitland

La compagnie des menteurs / Karen Maitland

couverture de La compagnie des menteurs de Karen Maitland

Quatrième de couverture : 1348. La peste s’abat sur l’Angleterre. Rites païens, sacrifices rituels et religieux : tous les moyens sont bons pour tenter de conjurer le sort. Dans le pays, en proie à la panique et à l’anarchie, un petit groupe de neuf parias réunis par le plus grand des hasards essaie de gagner le Nord, afin d’échapper à la contagion. Parmi eux, un vendeur de saintes reliques, un magicien, une jeune voyante, un conteur, une domestique, deux musiciens italiens, un peintre et sa femme enceinte. Neuf laissés-pour-compte qui fuient la peste mais aussi un passé trouble. Bientôt, l’un d’eux est retrouvé pendu, puis un autre démembré, un troisième poignardé… Seraient-ils la proie d’un tueur plus impitoyable encore que l’épidémie ? Et si celui-ci se trouvait parmi eux ? Toutes les apparences ne vont pas tarder à s’avérer trompeuses et, avec la mort qui rôde de toutes parts, les survivants devront faire preuve d’une incroyable sagacité, au milieu des secrets et des mensonges, pour trouver le mobile des meurtres et résoudre l’énigme avant qu’il ne soit trop tard.

Avec cette formidable évocation du Moyen Âge, d’un réalisme stupéfiant, saluée comme un événement majeur dans le monde entier, Karen Maitland nous offre un roman qui captive et ensorcelle le lecteur jusqu’à l’incroyable coup de théâtre final. Rarement authenticité historique et sens de l’intrigue auront été conjugués avec un tel talent. Indispensable ! 

Avis : Voilà un roman noir tout à fait sympathique. Toutefois, à la lecture du résumé, je m’attendais à quelque chose de complètement différent. Celui-ci m’a en effet fortement rappelé Les 10 petits nègres d’Agatha Christie, et m’a ainsi donné une fausse impression. Mais il induit surtout le lecteur en erreur, car les premiers morts ne sont absolument pas considérés comme des meurtres et, à aucun moment les Compagnons ne se soupçonnent entre eux. Ce qui change considérablement l’atmosphère du livre.

L’histoire nous est contée par Camelot, le premier des Compagnons. C’est un peu malgré lui qu’il s’attache cette troupe hétéroclite. Camelot est un personnage très observateur, préoccupé d’autrui malgré ce qu’il prétend. C’est un homme bon, qui ne juge jamais. C’est à travers ses yeux que nous découvrons les autres protagonistes de cette fuite macabre. Que nous apprenons à les connaitre, que nous devinons, parfois, leurs secrets. Car n’en doutez pas, aucun d’entre eux ne se retrouve sur la route par hasard. Ils ont tous une raison d’aller toujours de l’avant, qu’ils cachent soigneusement aux autres. Tous les personnages sont bien construits et retranscrits avec leurs propres caractères, leurs espoirs et leurs fêlures. La petite Narigorm m’a particulièrement impressionnée. Cette fille est « flippante ». Lit-elle réellement l’avenir ou essaie-t-elle de le provoquer ? Et avec succès semble-t-il.

Mais, ne vous attendez pas à un récit haletant et plein de rebondissements. Le rythme de La compagnie des menteurs est lent, aussi lent que leur avancée sur les routes d’Angleterre. La première partie m’a semblé nécessaire à la mise en place de l’histoire et à la rencontre des personnages. Cependant, la période où toute la troupe est enfin réunie et avant le premier drame, m’a paru un peu longue. De même, par la suite, j’attendais une atmosphère plus oppressante. Pour finir, je n’ai malheureusement pas trouvé l’épilogue aussi percutant qu’annoncé. J’espérais quelque chose de plus spectaculaire. Néanmoins, l’auteur imprègne son roman d’un souffle de magie très étonnant. La vérité nous est d’ailleurs souvent dévoilée sous forme de conte.

Le contexte historique est plutôt bien amené. L’obscurantisme qui régnait à cette époque est saisissant. La superstition tient une grande part dans la religion et les croyances de cette époque. Les conditions de vies sont, de même, justement recréées. La compagnie des menteurs est le genre de récit qui nous rappelle qu’il est tout de même bien agréable de vivre dans un temps et un lieu où l’on est libre de nos choix, qu’ils soient religieux ou sexuels ; ainsi que d’avoir un toit au-dessus de sa tête et un repas chaud le soir.

Roman traduit par Fabrice Pointeau – Édité aux éditions Sonatine 

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