La guerre olympique / Pierre Pelot

La guerre olympique / Pierre Pelot

couverture de La guerre olympique de Pierre PelotComment concilier la paix mondiale, le chauvinisme des peuples, le contrôle de la démographie, la lutte contre la délinquance et l’amour du sport ? C’est simple… Tous les deux ans sera déclarée, entre le camp blanc et le camp rouge, la guerre olympique. Des champions dopés, surentraînés, s’affronteront au cours d’épreuves mortelles où tous les coups sont permis. Pénalité des vaincus ? Dix millions de morts dans leur camp, choisis parmi les délinquants, les subversifs, les déviants dont le cerveau est piégé à l’aide d’une mini-bombe réglée pour exploser dès la proclamation du résultat. Quelle belle invention ! Pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ?

Avis : Avec les progrès de la médecine, l’espérance de vie qui s’allonge et l’arrêt des guerres, les gens ne mourraient plus assez pour les ressources de la planète. Il fallait écrémer. Alors, les gouvernements ont inventés la GUERRE OLYMPIQUE. Tous les 2 ans, 2 camps s’affrontent dans une lutte à mort dans des épreuves sportives. Les Blancs (Confédération libérale) contre les Rouges (Fédération socialo-communiste). À chaque épreuve, aussi diverses que le 600 m/pièges, le lancer de haches, le pugilat, la moto-glace ou la course à pied, des dizaines de milliers de personnes meurent dans le camp du perdant. Jusqu’au Grand Parcours du Héros où il n’y aura qu’un vainqueur unique et un camp vaincu. Tous les condamnés qui n’auront pas encore été tués dans celui-ci mourront. Les condamnés du camp vainqueur se verront réinsérés. Pour contrôler le bon déroulement des jeux, les condamnés sont choisis parmi les criminels et les déviants. Il y a les condamnés-coupables et les condamnés-innocents. Ce sont la famille et les proches des premiers qui n’ont pas su les empêcher de « mal agir »… Le jour du jugement, une puce est implantée dans la tête du condamné, qui prévient toute velléité de résistance ou de violence. Une puce, qui explosera en cas de défaite de votre camp. Ils l’appellent l’Ange Gardien. Le système est infaillible et impitoyable. 

Dans ces épreuves, nous suivons 4 personnages particulièrement touchés par les enjeux de cette 12e GUERRE OLYMPIQUE. Yanni Bog est un condamné du camp Blanc. Coupable d’avoir distribué des tracts réactionnaires et subversifs. Mager est un condamné du camp Rouge. Il a assassiné sa petite amie. Pietro Coggio est l’un des champions du camp Blanc. Tous les espoirs de son peuple reposent sur ses épaules. C’est une force de la nature, gentil mais pas très vif d’esprit. Il est accompagné de Virginia, sa fiancée. On ne sait pas trop où la situer. Certains la soupçonnent d’être une espionne à la solde des Rouges. Son affection est-elle sincère ou cherche-t-elle à manipuler le champion pour mieux le saper ? Le réel suspense du roman vient de son personnage, de l’incertitude la concernant. Bien que certains protagonistes soient plus sympathiques que d’autres, il est tout simplement impossible de prendre parti, d’être pour un camp ou pour un autre.

Voilà un univers futuriste intéressant, mais à ne pas lire en période de grosse dépression ! Certaines scènes sont d’une violence brute, d’autres suintent le désespoir. Heureusement, l’auteur arrive à mettre une certaine distance entre le lecteur et son récit. Nous avons ainsi le même ressenti que lorsque nous regardons un reportage : on est glacé par l’histoire, mais on reste extérieur à l’action. Tout est, cependant, extrêmement précis et réaliste, ce qui apporte crédibilité et poids à cette histoire. Cette façon de glorifier la violence et d’appeler cela du sport est écœurante. Surtout lorsque l’on constate que, sous couvert d’humanité, cette GUERRE OLYMPIQUE est avant tout une grande machine financière. Un roman impressionnant qui donne une vision effrayante d’un possible futur. Nous, demain ?

Ils étaient restés de glace, enfermés dans leur cocon particulier et personnel de terreur, non pas soudés entre eux par la possible échéance funeste qui les balaieraient tous à la même seconde, mais au contraire isolés comme jamais. Ils étaient des statues de sel et pourtant ils vivaient – mais ne vivaient que par l’épouvante.

Édité par Folio.

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